Nantes, une question d’appartenance historique

La ville de Nantes suscite bien des interrogations concernant son appartenance historique. Située sur la péninsule armoricaine, à la limite entre l’Ancienne Bretagne et le Poitou, cette métropole est au cœur d’un débat qui s’étend au fil des siècles : Nantes fait-elle vraiment partie intégrante de la Bretagne ?

L’histoire bretonne de nantes

Nantes a joué un rôle crucial dans l’histoire de la Bretagne. Dès le IIIe siècle, les Romains y établissent une cité appelée Condevincum, qui deviendra ensuite une capitale du comté du Poitou avant de passer sous l’autorité du roi de Bretagne. Ce dernier ne tarde pas à y fonder un évêché. C’est également au sein de cette cité que se forment quelques-unes des grandes figures de l’histoire bretonne, telles qu’Anne de Bretagne et Arthur Ier.

Duché et royaume

La création du Duché de Bretagne marque un tournant pour la ville de Nantes. Créé au IXe siècle, il englobait alors tout le territoire de l’ancien comté, intégrant ainsi la capitale poitevine à son patrimoine.

En 851, lors du traité d’Angers, le roi Charles le Chauve consent à céder aux Bretons «tout le pays situé entre la Loire et la Vilaine» et reconnaît Nantes comme faisant partie intégrante du royaume de Bretagne. C’est alors que la ville entre dans une nouvelle ère, celle de l’unité bretonne.

Echec d’une union avec la france

En dépit de sa dimension historique, l’intégration de Nantes au sein de la Bretagne n’est pas toujours reconnue. La situation géographique de la ville, à proximité des limites administratives de la région, a généré bien des convoitises et plusieurs tentatives d’annexion. En 1185, par exemple, Henri II Plantagenêt cède temporairement la ville à Philippe Auguste en échange de promesses d’alliance militaire.

Cependant, ces initiatives seront vite contrées par les ducs de Bretagne, soucieux de préserver l’intégrité de leur territoire. De fait, même si Nantes se trouve aujourd’hui au cœur de la région Pays de la Loire, son appartenance historique à la Bretagne demeure indiscutable.

Des liens culturels étroits

Les éléments culturels ayant marqué la ville de Nantes témoignent également de ses liens privilégiés avec la Bretagne.

Une architecture bretonne pour le château des ducs

Le château des Ducs de Bretagne est un monument emblématique de l’histoire de Nantes. Erigé au XVe siècle, il mêle les styles architectural médiéval et Renaissance, tout en s’inspirant largement des bâtiments bretons contemporains. L’influence de cette région sur le château est indéniable et constitue un argument supplémentaire pour affirmer que Nantes a bel et bien une identité bretonne.

La langue bretonne à nantes

Le gallo, langue romane parlée dans l’ouest de la France, était autrefois couramment pratiqué à Nantes. Il s’agit d’un dialecte issu de la langue bretonne, offrant ainsi un marqueur géographique fort entre la ville et sa province historique. Si le gallo n’est plus aussi répandu qu’auparavant, il reste néanmoins enseigné au sein de certaines écoles publiques, perpétuant ainsi ce lien linguistique avec la Bretagne.

Une « séparation » moderne

Malgré ces liens étroits qui existent au niveau historique et culturel, la réalité administrative a généré une situation ambiguë entre Nantes et la Bretagne. En effet, en 1955, lors de la création des régions françaises, Nantes fut intégrée à la nouvelle région du Pays de la Loire plutôt qu’à la Bretagne proprement dite.

Un choix politique controversé

De nombreux débats ont entouré cette décision qui ne reposait pas uniquement sur des critères géographiques ou administratifs. Elle répondait également à des impératifs politiques, sociologiques et économiques ayant pour objectif d’équilibrer les forces et les attraits des différentes régions françaises.

Cette exclusion de Nantes du territoire breton continue à susciter des controverses et des mouvements revendicatifs prônant un retour de la ville au sein de sa province historique. Quoi qu’il en soit, force est de constater que l’identité bretonne demeure fortement présente dans la mémoire collective nantaise.

Entre passé et présent : la complexité d’une appartenance

Au final, répondre à la question «Nantes est-elle historiquement bretonne ?» ne se résume pas simplement à interroger les liens étroits qui existent entre la ville et la Bretagne sur le plan culturel, architectural ou linguistique. Il convient également de prendre en compte cette séparation administrative moderne qui, dénuée de toute signification historique, génère néanmoins une profonde réflexion sur l’avenir et la construction identitaire de la ville.

Ainsi, il apparaît évident que les racines de Nantes plongent leurs fondements dans un riche héritage breton. Cela étant dit, il serait tout aussi intéressant d’examiner ce que pourrait être l’avenir de la ville, si tant est que son clos rattachement à la péninsule armoricaine finisse par être reconnue sur les plans administratif et politique.


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